Six mois après les événements de janvier, beaucoup de choses ont été dites quant à la laïcité et notre modèle d’intégration. Je vous propose de jeter un regard différent sur cette question en abordant les exemples pleins d’enseignements de nos pays voisins. Profitant de la richesse culturelle et internationale de la Fédération des Français de l’étranger du Parti Socialiste, je relate ici les interventions des camarades lors de l’université de printemps du Bénélux du Parti Socialiste édition 2015, merci à eux, en particulier Julie et Chloé pour la prise de notes

Sommaire
- Introduction
- Le cas du Royaume-Uni
- Le cas des Pays-Bas
- Le cas de la Belgique
- Le cas du Luxembourg
- Discussions
Introduction – Laïcité ?
Nous avons finalement peu parlé de ce qui s’était passé le 6 janvier 2015. Ironie du calendrier, le comité des cultes a lui-même proposé en Alsace-Lorraine l’abrogation de la loi sur le blasphème, qui était toujours en vigueur dans cette région. Chez nous en France, la laïcité est régulièrement renvoyée à ce droit au blasphème. Est-elle vue de la même manière par tous ?
En réalité les définitions du terme laïcité varient légèrement en fonction des pays :
- En allemand : non spirituel / non clérical.
- En français : séparation de l’église et de l’état.
- En anglais : l’idée que le domaine de l’éducation publique ou autre organisme public ne doit pas subir l’intervention d’éléments religieux.
- En néerlandais : l’idée que la religion et la croyance ne doivent pas influer sur la société.
En France la notion de laïcité a été officiellement intégrée avec la loi de 1905. Comparée à ce que nous connaissons maintenant en France, celle-ci était plus modérée à l’époque. Il s’agissait de préserver la liberté d’expression de culte. Dans la déclaration des droits de l’homme on assistait à une séparation entre l’exécutif, le judiciaire et le législatif. Peu après la Terreur, il en fut de même entre l’église et l’état par la convention Nationale en 1794. Cette séparation prendra fin avec le Concordat en 1801, qui ne sera brisé qu’en 1905 avec cette loi.
La laïcité pouvait apparaitre comme une réponse forte quand la liberté d’expression a été menacée avec les attentats de Charlie Hebdo. C’est elle qui est garante d’une délimitation entre l’espace privé et public. Par exemple, l’état n’a pas le droit de faire des statistiques ou de recensements sur des données ethniques ou religieuses alors que ce n’est pas le cas aux Royaume-Uni où ces pratiques sont autorisées.
Au niveau de l’intégration, on observe une évolution en France qui tend à tirer parfois vers la discrimination positive : citons le cas le plus connu de la convention entre Science Po et les lycées ZEP. Avec une telle démarche nous allons plus loin que ce qui était décidé initialement. La France a un héritage humaniste hérité des Lumières alors que d’autres pays vont plutôt avoir un penchant universaliste (communautariste). Notamment, lorsque l’on impose aux femmes de ne pas porter la burqa, est ce que l’on n’impose pas un athéisme d’état ? Et dans ce cas est-ce que cette demande est vraiment laïque ? Qu’est-ce qu’on considère comme le privé ? Qu’est-ce qu’on considère comme le public ? Si pour répondre à ces questions la droite française attaque d’une certaine manière la vision traditionnelle de la laïcité en France, on a au contraire dans d’autres pays européens (UK, Allemagne) une remise en cause d’une autre vision dite en comparaison plus « moderne ». C’est ce que nous allons observer dans la suite de ce dossier.
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