#Brexit – Et si les eurosceptiques avaient raison ?

10 ans plus tard, dans quelle situation économique le Brexit aura laissé la Grande Bretagne ?

Retrouvez l’épisode 1 – Le jour d’après ici

Retrouvez l’épisode 2 – Le Conseil des 27 ici

Episode 3 – Et si les eurosceptiques avaient raison ?

Mars 2027. Le Chancelier de l’Échiquier présente devant le parlement son budget pour l’année fiscale 2027-2028. Son sourire béat trahit son plaisir : pour la première fois depuis le début des années 2000, il est à l’équilibre ! Cette année, la Grande-Bretagne n’empruntera pas sur les marchés. Les prévisions font état d’un surplus de 20 milliards, ce qui cette fois devrait être assez large pour palier les imprévus et éviter la controverse du mandat précédent, lorsque le chef du Trésor de Sa Majesté avait annoncé en grande pompe un « déficit zéro » avant de se raviser 6 mois plus tard devant la faiblesse de la reprise.

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La fameuse « Red Box » du budget

Certes, Londres n’avait plus à craindre les rappels à l’ordre budgétaires de Bruxelles ; ni à se soucier des critères de Maastricht. Reste que les britanniques, réputés pour leur sérieux comptable, avaient quelque chose à se prouver depuis le départ de l’Union.

Pourtant, une bonne dizaine d’années plus tard, on se souvient encore des querelles de chapelles entre les défenseurs du stay et les détracteurs de l’administration bruxelloise. À vrai dire, elles ont largement survécu au référendum, compte tenu de la longueur de la procédure de départ… Mais surtout des impacts économiques sous-jacents.

La croissance du pays était dans le vert depuis un moment déjà, et affichait un solide 3,4 % l’année dernière. Tant de bonnes nouvelles ! Le Brexit, une bonne affaire ?

Ce que les eurosceptiques ne nous avaient pas dit

Présentée comme cela, la situation du pays ne semble pas très éloignée de celle décrite par les partisans du retrait. Ce que les journaux ou les politiciens les plus optimistes avaient oublié de mentionner, c’est bien la transition entre l’avant et l’après. En pariant sur une hausse du PIB provoquée par le Brexit à horizon 2030, et en attribuant ce gain aux avantages compétitifs de la sortie de l’Union et sa dérégulation potentielle, aux accords bilatéraux avantageux négociés au forceps par Londres la grande, ainsi que sur un renforcement des échanges commerciaux vers les partenaires extra-européens, les partisans du out s’étaient bien gardés d’évoquer l’impact très concret du choc économique sur des pans entiers de l’économie, se cachant derrière l’argument politicien du Project fear.

La City de Londres
La City de Londres

Peut-être que certains partisans du in, à l’époque, ont cherché à jouer de la corde sensible, parfois à outrance. Enjeu hautement symbolique, la menace de certains grands groupes de déplacer leur QG vers Paris ou Bruxelles ne s’est pas réellement suivie d’acte à l’annonce du Brexit. Certaines grandes banques d’investissements, principalement les américaines JP Morgan et Goldman Sachs, sans activité de détails sur le territoire britannique, ont bien déplacé une partie de leurs salles de marché vers Paris, mais rien de très significatif. Au contraire, ces quelques traders quittant la City n’ont pas tardé à être présentés comme une victoire des eurosceptiques. Ils ne manquent pas à un électorat, essentiellement périurbain, auquel la City ne parlait déjà plus depuis longtemps. L’exil des sièges sociaux ne se fera qu’une fois le retrait de l’Union acté, soit bien plus tard.

Cependant, au lendemain du Brexit, c’est tout le pays qui a pris un coup, équivalent à la crise de 2007. En effet, dès l’été 2016, devant l’incertitude des négociations au niveau européen, la livre sterling a rapidement plongé, frôlant la parité avec l’euro. La première conséquence s’est faite sentir immédiatement : l’import-export vers les pays européens a pris un sérieux coup.

Les échanges avec l’Union Européenne représentaient 50 % des activités commerciales du Royaume-Uni, pour une balance commerciale largement déficitaire d’environ 85 milliards en 2015, soit environ 4,5 % du PIB. Du simple fait de la variation du taux de change, cette balance dépassera les 100 milliards en 2016 et pèsera jusqu’à  7 % du PIB en 2017. Dès lors, 2030 semble lointain.

Mind the gap

Les grands oubliés des sceptiques furent les petites entreprises. Ce sont elles qui ont trinquées les premières, notamment à cause de l’import-export. Si les grands groupes ont pu gérer leur trésorerie le temps de s’orienter vers de nouveaux marchés, la facture fut lourde sur l’activité d’un tas de petits business, n’ayant rarement plus que quelques mois de réserves dans les coffres. Un phénomène qui concerne tout le territoire, périphérie comprise, et pas seulement la tour d’ivoire londonienne. Ainsi, la contagion ne tarda pas à toucher d’autres pans de l’économie.

Le deuxième coup de bâton aura achevé les petites entreprises qui avaient tenues bon jusque là, une fois le Brexit entériné pour de bon. Un impact très concret, pesant encore sur les mêmes acteurs ne bénéficiant pas de l’infrastructure juridique nécessaire, sur quiconque ne pouvant suivre le rythme quant aux changements de régulations et d’accords d’échange. Les négociations avec les futurs ex-partenaires européens furent âpres et toutes ne se sont pas passées aussi bien que prévu.

À suivre…

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