le jeu du désamour (politique) et du hasard


“The populist signal” – le rapport qui suggère une réponse institutionnelle à la montée des populismes européens.

populist

Si en mai dernier, les élections générales au Royaume-Uni ont surpris tant les résultats différaient des sondages qui donnaient le Labour vainqueur, cette surprise ne doit pas occulter la montée significative des partis d’extrêmes – à l’image du UKIP (extrême-droite), défendant une ligne anti-UE. Un phénomène qui touche bien au-delà du Royaume-Uni et qui s’inscrit durablement en Europe occidentale ces 15 dernières années. Que lire dans les scores toujours plus élevés des partis populistes en Europe ? C’est l’une des questions à laquelle Claudia Chwalisz de Policy Network tente de répondre dans son rapport intitulé « The populist signal – Why politics and democracy need to change ».

Evolution des résultats aux élections générales britanniques.
Evolution des résultats aux élections générales britanniques.

Sorti en juin dernier et intéressant à bien des égards, ce rapport traite d’un thème souvent abordé ici et qui m’est cher : la montée du vote populiste, et comment y répondre. Si le rapport se concentre en particulier sur le cas du Royaume-Uni et des récentes élections législatives, ses enseignements dépassent bien entendu le cas isolé de ce pays.

Comment renouer avec ces électeurs, toujours plus nombreux ? Si l’on a vu certains politiciens issus des partis « traditionnels » draguer cet électorat – notamment en durcissant le ton vis-à-vis de la politique migratoire et ce même au Labour, ou en appelant à une sortie de l’Union principalement chez les Tories, l’auteur ne tombe pas dans le panneau en jouant sur ce terrain mais prend le parti de traiter de la méfiance croissante de ces électeurs envers la classe politique et les institutions en place, souvent perçue comme une élite déconnectée des réalités du citoyen normal.

Le postulat est le suivant : si ce résultat est un signal fort, il n’est finalement pas si négatif. À bien regarder, il s’agit d’une opportunité pour les démocrates, en danger, d’enfin se renouveler plutôt que de se reposer sur les mêmes fondamentaux parfois datés. Les citoyens évoluent, la société change – les institutions et méthodes restent les mêmes. De plus en plus, les électeurs ne se sentent plus entendus par leurs élus, élus dont la professionnalisation entraîne une non-représentativité qui renforce ce sentiment.

Le populisme pose finalement la bonne question de la méfiance à l’égard des institutions, forçant la démocratie à se corriger. Et s’il suffisait de déléguer un peu de pouvoir aux citoyens en les laissant s’exprimer et agir directement par la création d’assemblées citoyennes, au hasard par tirage au sort à la manière des jurys, afin de résorber le sentiment de ne pas être entendu ?

Bonne pioche ?  L’idée a au moins l’élégance de ne pas simplifier le vote populiste à un vote anti-immigration. Au contraire, ces électeurs ne sont pour une fois pas pris pour des imbéciles mais bien comme étant tout aussi capable d’avoir un avis productif si l’on prend la peine de les consulter. Encore mieux, l’idée semble être reçue positivement par les sondés, et plus particulièrement chez les électeurs du UKIP.

Volonté de participer à une assemblée citoyenne astreignante (dont les recommandations doivent être implémentées) par électorat.
Volonté de participer à une assemblée citoyenne astreignante (dont les recommandations doivent être implémentées) par électorat.

La bonne idée du rapport est de chercher à contrer la montée populiste en proposant des pistes concrètes, étayées par de nombreux sondages d’opinion et exemples d’expériences similaires organisées de par le monde.

L’idée des assemblées citoyennes est une réponse concrète à la défiance envers les politiciens, montrant par sa pratique la difficulté de l’exercice du pouvoir. Loin de menacer la classe politique dans son état actuel, ce mode de consultation présente des qualités intrinsèques véritables et serait notamment un outil formidable de pédagogie et de réconciliation envers l’action politique.

Cependant, si la corrélation entre l’acceptation de cette idée et le vote UKIP est clairement établie, l’implication selon laquelle ces assemblées réduiraient de facto le vote populiste pour se reporter de nouveau sur les partis dit traditionnels n’est pas démontrée et ne me semble pas aller de soi.

Reste que politiquement, il s’agit d’une riche idée qui doit faire son chemin. Certains politiciens et intellectuels feraient mieux de saisir l’opportunité de se l’approprier plutôt que de chasser toujours plus en terre nationaliste, comme Sapir ou Chevènement ces derniers jours.

Enfin, en ce qui concerne l’idée des assemblées citoyennes consultatives, n’est-ce pas finalement le rôle que devrait jouer, dans notre société, les partis politiques ? Ces partis qui, justement, se vident… Symptôme du même mal ?

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